18 septembre 2010

La recette parfaite

J'ai longtemps été une perfectionniste. Une vraie de vraie. Tout ce devait d'être parfait, impeccable, nickel. TOUT. Surtout dans ma maison. Pas de vaisselle sur le comptoir, pas de poussière sur le plancher, pas de taches dans la salle de bain, pas de vêtements qui traînaient. Des souliers bien rangés et dociles sur le tapis, un plancher libre de tout objet encombrant ou dangereux, des armoires soigneusement rangées où les assiettes menaient une vie de star, des placards où on aurait pu dormir tellement ils étaient propres, des tiroirs où les vêtements y étaient classés par ordre alphabétique et date d'achat, un comptoir de cuisine si étincelant qu'on y voyait notre reflet.
Bref, un endroit où il faisait bon vivre sans que l'oeil ne soit titillé par un début de bordel quelconque. Il faut comprendre que c'est tellement souvent le bordel dans ma tête qu'il s'agit pour moi d'une question de survie que d'avoir une maison propre.

Avec l'arrivée de Bébé fille, j'ai apprivoisé l'imperfection. J'ai pas vraiment eu le choix. Au début, c'était relativement facile. À part quelques plaques de régurgitations ici et là et grâce à mon lave-vaisselle (le meilleur ami de ma vie), j'arrivais à garder ma maison bien propre (j'oubliais de mentionner la collaboration spéciale de l'amoureux qui s'est découvert des talents pour la cuisine, la vaisselle et le lavage....talents qui furent de courte durée, plus précisément jusqu'à les cernes sous mes yeux reprennent un format acceptable).

Plus Bébé fille grandit, plus j'apprends à laisser place aux choses qui ne sont justement pas à leur place. Surtout depuis qu'elle marche. Fini la maison propre.
Maintenant, les souliers se font rebelles et se baladent où bon leur semble (même dans le garde-manger). On trouve sur le plancher des objets insolites tels que graines de pain, gouttes de lait, bébé allongé sur le ventre qui fait une crise parce qu'elle voulait continuer à monter les escaliers, morceau de carton, jouets de toute grosseur, amoureux épuisé qui se fait tirer les cheveux par un bébé content, céramique de salle de bain pas encore posée, plats de plastique, etc. Mes armoires sont en si piteux état que c'est à croire qu'elles se trouvaient dans un rayon de 10 km de Hiroshima. Mes placards se sont inscrits au groupe d'entraide "On m'a rendu boulimique" à force de se faire gaver par le stock que j'y entrepose "au cas où". Non seulement les vêtements dans les tiroirs ne sont plus classés par ordre alphabétique et date d'achat, mais ils ne sont même plus dans les tiroirs: ils errent, âmes perdues, dans la laveuse, la sécheuse, certains sur la corde à linge, d'autres sur les divans, sous les lits, sur les chaises dans la salle à manger, à la recherche d'une personne charitable qui les pliera soigneusement et les rangera au bon endroit. Nous avons signalé la disparition de notre comptoir de cuisine, à sa place se trouvent maintenant des tonnes et des tonnes de vaisselle sale (à ce propos, une récompense sera offerte à quiconque le retrouve). Mon lave-vaisselle fait une dépression parce qu'avec le déménagement, nous n'avons toujours pas eu le temps de l'installer et il se sent seul, inutile et n'arrive pas à trouver sa place dans le monde. Ajoutez à cela des boîtes que je n'ai pas encore vidées (vestiges d'un déménagement récent), des outils (vestiges de rénovations récentes) qui traînent à des endroits hors de portée de Bébé fille, mais qui traînent quand même, un bac de recyclage qui déborde parce que la femme libérée qui se charge de le vider n'a pas eu le temps de le faire encore, une salle de bain aux allures de guerre du Vietnam et ça vous donne une image assez précise de ma maison.

Ajoutez le bordel dans ma tête à celui de ma maison, une pincée de manque de sommeil, quelques gouttes de rénovations à terminer, une grosse poignée de factures à payer, deux-trois cuillères de boulot, mélangez le tout et vous obtiendrez une maman au volant obligée de s'arrêter sur le bord de la route, bébé à bord, parce qu'elle ne se souvient plus à quel endroit elle s'en va.

6 commentaires:

  1. Ma soeur, tu dois savoir: c'est de loin le meilleur billet que tu aies écrit, à mon goût. Les images, mon dieu, SUBLIMES.

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  2. Eh ben merci ma soeur. J'y ai longtemps réfléchi avant de le rédiger, je voulais des images évocatrices.

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  3. Ça ressemble pas mal à chez moi :)

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  4. Alors bienvenito dans le club des "C'est le bordel chez moi, mais on est heureux!"

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  5. Mon Dieu Bizz!
    Tu es comme maman! Tu t'arrêtes sur le bord de la route sans savoir où tu vas...tu es définitivement perdue à jamais dans les phrases incomplètes, les bafouillements, les Moïse...euh..Seb...euh..Josie...euh Alice...
    Tu es PERDUE!

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  6. Je sais Alice, je sais. Faut croire que c'est ça être maman...

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