Dans un commentaire récent, Future Prof mentionnait qu'elle nous trouve assez rude en affaires dans la famille et craint que Bébé fille hérite de nos gênes de requins de la négociation. Sache Future Prof que Bébé fille a bel et bien hérité de ces fameux gênes. Non seulement est-elle rude sur la négociation (famille et affaires ne font pas bon ménage), mais en plus, elle est sans pitié quand vient le temps d'obtenir ce qu'elle veut. Pas de place pour la compassion, les affaires sont les affaires.
Prenons la routine du dodo. Si Bébé fille décide qu'elle veut attraper des mouches ou jouer avec ses blocs au lieu de dormir, rien à faire, elle ne dormira pas. Même si à chaque pas qu'elle fait, elle tombe de fatigue. Même si, parce qu'elle est trop fatiguée, elle pleure quand ses blocs ne tiennent pas ensemble. Même si, à force de se frotter les yeux, elle ne voit plus les mouches dans la maison. En excellente mère que je suis, je tente par tous les moyens de la calmer et la coucher, sachant à quel point elle aura plus de plaisir une fois reposée (et sachant à quel point j'aurai plus de plaisir à lire mon livre dans le silence bénéfique des siestes). Nous voilà donc, elle et moi, en pleine séance de négociation où tous les coups sont permis pour parvenir à nos fins.
Premier argument de force de ma part: "Calme-toi et tu verras comme dormir te fera du bien" (appuyé par: suce, toutou, berceuse chantée de ma voix douce et mielleuse au rythme de la chaise berçante).
Premier contre-argument de Bébé fille: "Rien à battre de dormir, je veux J-O-U-E-R" (appuyé par: pleurs en tentant de se dégager pour se mettre debout sur moi).
Deuxième argument de ma part: "Allons, allons, écoute la belle chanson que maman te chante en regardant dehors" (appuyé par: Bébé fille maintenant assise et collée sur ma poitrine, nouvelle berceuse, chaise berçante tournée vers la fenêtre).
Deuxième contre-argument: "Je veux pas dormir, je veux aller D-E-H-O-R-S" (appuyé par: pleurs en tentant de se dégager, pointage de la fenêtre avec pleurs s'intensifiant, suce jetée par terre).
Troisième argument: "Très bien, tu ne veux pas dormir sur maman, alors on va dans le lit" (appuyé par: dépôt du paquet pleurant dans son lit, re-suce, re-toutou, re-berceuse).
Troisième contre-argument: "J'ai dit N-O-N, pas de dodo, bon" (appuyé par: pleurs en tentant de se tourner sur le ventre dans le but non-dissimulé de se mettre à quatre pattes pour ensuite se lever debout et faire des sourires pour que son idiote de mère comprenne enfin qu'elle ne veut pas dormir).
Quatrième argument: "Très bien, alors maman te laisse t'endormir seule comme une grande fille" (appuyé par: pas en direction de la porte, ouverture de la porte, fermeture de la porte derrière moi, yeux dans l'ouverture laissée par la porte pas tout à fait fermée pour voir comment se conduit la progéniture).
Quatrième contre-argument: "Si tu crois pouvoir me berner comme ça, je sais que tu te caches derrière la porte maman" (appuyé par: ta-ta vers la porte, éclats de rire, Bébé fille qui se promène dans son lit et jase avec son toutou).
Cinquième argument: "Prends du bon lait-lait, ça va t'aider à te calmer" (appuyé par: biberon de lait bien chaud dans le but bien dissimulé d'endormir son enfant le ventre plein et ainsi s'assurer une sieste d'une durée respectable et enviable).
Cinquième contre-argument: " Sors-moi de ma couchette si tu veux que je prenne mon lait" (appuyé par: biberon lancé par terre, pleurs quand je reprends le biberon et le dépose sur le bureau).
Sixième argument: "Maman reste à côté de toi pour que tu t'endormes et après ton dodo, on va jouer ensemble" (appuyé par: bébé emmitouflé dans ses couvertures, maman qui tient bébé bien couché dans son lit).
Sixième contre-argument: "Je vais dormir seulement si tu restes à côté de moi" (appuyé par: des yeux qui se ferment et une respiration de bébé qui dort quand maman est près de la couchette, des yeux qui s'ouvrent et une respiration de bébé qui pleure quand maman ose sortir de la chambre).
Septième et dernier argument: " Bon, tant pis pour le livre de maman, viens on va faire la sieste ensemble" (appuyé par: prise du bébé diabolique pour l'amener dans la chambre des parents, fermeture de la porte, fermeture des yeux de la maman pour montrer à bébé qu'on dort ensemble).
Cri de victoire du Bébé, fermeture de ses petits yeux et dodo d'un enfant satisfait d'avoir gagné contre sa mère. Les négociations sont terminées.
La morale de cette histoire: mesdames, après avoir passé des semaines et peut-être même des mois à négocier avec votre partenaire dans la chambre à coucher pour procréer, vous vous retrouverez, une fois l'enfantement terminé, à négocier à nouveau dans la même pièce pour obtenir quelques instants de tranquillité.
Effectivement, Bébé Fille a bien hérité d'un sens des affaires redoutables. J'espère qu'au fur et à mesur qu'elle vieillira, tu trouvera des stratagèmes à la hauteur des ses stratégies.
RépondreSupprimerDire qu'un jour, je pourrais lui enseigner (dans loooooooongtemps), je crois que je vais faire un certificat en diplomacie ^^.
J'adore vraiment ton humour, tu me remémores des moments de mon congé de maternité.
RépondreSupprimerMerci de dédramatiser le tout :) Durant mon 2 ième congé, je vais prendre plaisir à te lire et te relire :)
@Future Prof: Redoutable est un faible mot, je dirais impitoyable. Et elle a des avantages que je n'ai pas: elle me sourit et je craque. Moi, même si je lui fais mon sourire le plus mignon-mignon couci-couci, elle s'en fout royalement.
RépondreSupprimer@Cindy: Merci de prendre le temps de me lire (et me re-lire!). Ça me fait GRAND plaisir de dédramatiser le tout, on se fait tellement bombardé par des trucs sérieux quand on devient parent, comme si chaque erreur qu'on fait allait traumatiser notre enfant à tout jamais! Vaut mieux rire de nos imperfections!
Wow Bizz, il y a de plus en plus de monde qui lise ton blogue! M-A-L-A-D-E!
RépondreSupprimer@Alice: Et si tu le réfères à d'autres, y'en aura encore plus!
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