29 avril 2010

Les dents de la mer (part I)

Attention! Coeurs sensibles, s'abstenir. Réservé à un public de 18 ans et plus.

Avec toute l'insouciance de ses 23 ans, la jeune femme s'installa confortablement sur le sable, un roman palpitant à la main, sans même se douter que le danger la guettait. Bien que la température soit un peu fraîche, le soleil réchauffait gaiement les alentours. Elle savourait ses rayons sur sa peau, signe que l'été arrivait à grands pas. Son roman la captivait. Tellement qu'elle n'entendit pas tout de suite la musique de suspense.

(Musique de suspense, volume bas, à peine audible)
Malheureuse! Si seulement elle portait son attention ailleurs que dans son livre, elle verrait le danger approcher, hurlerait sans doute, un cri à glacer le sang, et arriverait peut-être à s'enfuir à temps. Mais l'histoire dans laquelle elle se plongeait avec délice était trop captivante, elle la mènerait à sa perte.
(Musique de suspense, volume un peu plus fort)
Cette fois, elle entendit la musique de suspense et leva la tête de son roman, troublée. Elle avait entendu des racontards à propos d'une bête immonde et dangereuse, toujours prête à mordre, qui vivait dans les parages, mais elle avait fait fi de ses ouï-dire et s'était aventurée sur ce terrain dangereux. Elle commençait maintenant à le regretter, la peur au ventre. Orgueilleuse de nature, la jeune femme décida d'oublier cet incident et la crainte naissante en elle et se replongea dans sa lecture.
(Musique de suspense, volume encore plus fort)
Cette fois, elle ne pût faire semblant de n'avoir rien entendu. Elle posa son roman à côté d'elle, tous ses sens en alerte, prête à s'enfuir à la moindre attaque. Croyant que le danger viendrait de la mer, elle guettait ses eaux brouillées par le vent qui se levait. Elle ne sentit pas la bête approcher derrière elle. C'était une bête avec une bouche gigantesque, d'où coulait sans cesse une bave épaisse et collante. Elle n'avait aucune dent visible, mais on sentait leur présence imminente sous les gencives rouges sang. La bête resta d'abord silencieuse, seul son souffle troublait la quiétude de cette journée qui aurait pu être agréable. Hélas!
(Musique de suspense, volume très fort, du genre on-ne-s'entendrait-pas-parler-si-on-y-était-nous-aussi)
Sans que la jeune femme ne puisse faire le moindre mouvement, la bête poussa un cri à rendre sourd quiconque s'y serait trouvé:
- OUAN! OUAN! OUAN!
La jeune femme se retourna rapidement, évitant de justesse la morsure. La bête hurla à nouveau, un flot incessant de bave coulant de sa bouche, cherchant à mordre tout sur son passage:
- OUAN! OUAN! OUAN! OUANNNNNNNNN!
Ne cherchant qu'à sauver sa peau, la jeune femme s'empara rapidement d'armes à sa portée. Elle lança à la bête un anneau de dentition. Rien n'y fit. Elle tenta une débarbouillette d'eau glacée. La débarbouillette calma la bête quelques instants, mais après peu de temps, l'attaque redoubla d'ardeur, surprenant la jeune femme. Elle n'eut d'autre choix que de tenter le tout pour le tout: elle agrippa la bête, lui donna une suce et la berça tendrement en lui chantant une douce comptine. La bête s'endormit. La jeune femme remercia le ciel d'avoir échappé à la mort.

C'est ainsi que j'ai réussi à survivre à la première poussée de dent de Bébé fille.

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