20 juin 2011

Telle mère, telle fille

La discipline et l'autorité, j'ai toujours trouvé que c'est le dark side de la vie parentale. Je sais à quel point il est important de bien encadrer son enfant et d'instaurer des limites, pour son bien-être personnel et social (et je veille à ne pas échouer sur ce plan, croyez-moi). N'empêche, je trouve ça emmerdant, voire cruel. Comment mon coeur de mère est-il sensé supporter d'entendre Bébé fille pleurer comme si le drame de sa vie se jouait là, maintenant, alors que j'ai simplement refusé qu'elle mange du chocolat à 6h le matin? Est-il possible qu'un jour, mes oreilles se seront habituées au nombre incroyablement élevé de décibels qui s'échappent du long cri de détresse que ma tendre enfant pousse quand je lui dis qu'il est temps de rentrer dans la maison pour faire dodo?

Je sais. Vous allez me dire qu'on développe des trucs à la longue. C'est vrai. Chez nous, le truc du petit coin fonctionne à merveille. Une crise parce que maman refuse que tu fouilles dans la poubelle? Dans le petit coin. Tu continues à lancer les DVD même après le troisième avertissement? Dans le petit coin. Une minute de petit coin suffit habituellement. Avec le temps (et le terrible two qui approche férocement), Bébé fille a développé un automatisme: suffit que je dise qu'elle ira dans le petit coin si elle n'écoute pas et la voilà se dirigeant, en boudant, vers ledit coin. Elle s'y asseoit alors, en disant, avec tout l'air d'un enfant misérable que ses faibles talents de comédienne lui procurent:

« P'in, maman

Ce qui signifie, en langage de Bébé fille:

«Je suis dans le petit coin là. T'es contente, maman cruelle.» (J'ignore pourquoi elle a fusionné la première lettre du mot petit et la fin du mot coin, mais c'est ainsi qu'elle appelle le petit coin: p'in.)

Généralement, je réprime l'envie de rire qui me tenaille les côtes à ce moment précis. Ce petit bout de femme de même pas 20 mois qui boude dans son coin, c'est trop pour une maman qui a la gachette du rire facile.

Ce qui nous amène donc à ce fameux matin où, tasse de café à la main, je propose à Bébé fille une deuxième leçon de préparation à l'arrivée de Bébé 2. Armées d'une poupée, nous débutons la routine de soins. Bébé fille s'empare d'une fourchette pour la nourrir. Après avoir fait entrer ladite fourchette une bonne vingtaine de fois dans la bouche de la poupée (trop petite pour l'ustensile, la malheureuse en garde des séquelles sur le bord des lèvres en plastique) et quelques soubresauts de panique de la part de Bébé 2 au fin fond de mon utérus (le pauvre, faut pas oublier qu'il/elle entend tout maintenant), nous nous attaquons au changement de couches de la poupée gavée et blessée. Je profite de l'occasion pour féliciter la poupée qui reste bien sagement couchée pendant que nous lui lavons les fesses, au lieu de répandre son caca partout sur la table à langer à force de se débattre. J'ose espérer que Bébé fille aura compris le message de sa génitrice (si je me fie aux changements de couche qui ont suivi, non, elle n'a rien pigé la vilaine).

La poupée ayant maintenant la couche propre et l'estomac repu, nous entamons la berceuse en choeur (et tentons d'enterrer les cris de douleur de l'amoureux qui nous fait part de son mécontentement à être éveillé de si bonne heure par nos douces voix). Nous plaçons la poupée dans sa poussette et Bébé fille se lance dans une course effrenée à travers la maison pour tenter d'endormir la catin. Je me dis que mes nombreuses marches durant les premières semaines de vie de Bébé fille l'ont marquée à tout jamais: pour elle, un bébé dort dans une pousette qui fait bling bling, bang, schhhh (hep, c'est ça que ça fait, utiliser une poussette de seconde main). Bref, je vois bien que la poupée refuse de dormir (on la comprend) puisque Bébé fille ne cesse de courir partout en répétant dodo, dodo.

La voilà qui stoppe net, en plein milieu de la cuisine. Elle prend un regard sévère, agrippe fermement sa poupée (Bébé 2 se terre un peu plus profondément dans mon utérus) et sur un ton qui ne laisse place à aucune discussion, elle dit:

«P'in, bébé

Et moi, je me fourre la tête dans un coussin du divan pour ne pas éclater de rire. Faudrait surtout pas déclencher une crise....y'a déjà quelqu'un dans le petit coin, t'sais!

4 commentaires:

  1. Trop drôle, ça m'a bien fait rire!

    À quel âge on peut commencer ça le coin? Mon bébé commence de plus en plus à tester mes limites avec ses mauvais coups.

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  2. Le coin, on commence quand maman et papa se sentent prêts à le faire! (parce qu'il faut savoir résister plus de cinq secondes même si bébé pleure...)
    Ton instinct de maman est ton meilleur «gage» pour le savoir, personne ne connait mieux ton bébé que toi-même (et son papa, ça va de soi!)

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  3. Le petit coin fait aussi partie de nos habitudes. Ça change le décor, ça donne un avertissement clair quand les quelques consignes de base sont outrepassées.

    Une fois qu'il y est, par contre, il arrive aussi que le drame de sa vie se joue aussi pour Frérot ;-)

    Je potine!
    http://www.la-mere-est-calme.com/2011/06/les-potins-du-dimanche_23.html

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  4. le petit coin c'est aussitôt qu'il peut comprendre qu'il est mis en retrait parce qu'il a mal agit et c'est une minute par année... 2 ans 2 minutes.. et dans mon cas 36 ans 36 minutes! je rêve d'être punis pour avoir une demie-heure de paix ;0)

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