13 mai 2010

La fierté, c'est relatif

Je sais pas vous, mais moi, je suis extrêmement fière de tout ce que Bébé fille fait. Chaque apprentissage qu'elle réalise me remplit d'une fierté telle que j'ai envie de le crier sur tous les toits (d'où l'utilité d'un statut Facebook, ça permet de vanter notre progéniture sans avoir à grimper sur les toits!)
Le plus drôle là-dedans (oui, oui, y'a du drôle là-dessous), c'est que la plupart des actions de notre progéniture qui nous emplissent de fierté finissent, un jour ou l'autre, par avoir l'effet contraire.


Suffit de penser à la fierté ressentie quand bébé fait des sourires à tout un chacun, signe que nous avons un bébé sociable qui n'aura pas peur d'aller de l'avant et de foncer pour réaliser ses rêves, rien de moins. Bébé-devenu-enfant-qui-passe-l'halloween, nous le sermonnerons pendant des heures sur les risques de parler aux étrangers, lui ordonnant, le cas échéant, de s'enfuir sur le champ après avoir bombardé l'étranger de poivre de cayenne.

Que dire de la première fois où bébé mange avec ses mains. Quelle joie de constater que bébé a enfin compris que la nourriture vient d'un plat et non pas du néant d'où maman l'a fait apparaître. On appelle le papa, les grands-parents, tous en choeur, on applaudit l'enfant prodige, on se lance dans des rêveries : "C'est tôt, elle apprend vite, c'est sûr, elle va devenir astronaute, pas de doute, elle est trop brillante." Plus tard, notre rêve pourrait être gravement anéanti par un simple coup de téléphone du directeur de l'école secondaire qui nous signale qu'il serait peut-être temps d'apprendre à notre bébé-devenu-ado à utiliser des ustensiles.

Et les premiers déplacements à quatre pattes du fruit de nos entrailles... n'est-ce pas merveilleux? Gonflée de fierté, on en parle avec le pédiatre, l'infirmière au CLSC, la voisine, le commis à l'épicerie, le téléphoniste qui nous appelle pour un sondage, l'éboueur, etc. On s'assoit par terre avec bébé, on l'encourage, le félicite. Bébé, dans son effort de coordination, laisse tomber un peu de régurgitation sur le plancher. Qu'à cela ne tienne, armée d'une débarbouillette, on essuie le tout en félicitant une fois de plus notre petit amour. Des années plus tard, quand bébé-devenu-jeune-adulte rentrera à quatre pattes d'une tournée des bars bien arrosée de tequila et de sex on the beach, ce n'est pas des félicitations qui l'accueilleront. Et il y a bien peu de chances que nous soyons armée d'une débarbouillette à son arrivée, mais plutôt d'une vadrouille et d'un sceau que nous lui remettrons en disant : "Si t'es malade, tu ramasses."

On ne peut s'empêcher de sourire de fierté quand bébé donne des bisous aux autres bébés, surtout de sexe opposé. C'est si mignon. On rigole, on l'encourage, on se dit que c'est un signe que notre enfant trouvera sa place dans la société, saura traiter son prochain avec humanité et grandeur d'âme, fera preuve d'altruisme ce qui lui vaudra le prix Nobel de la paix. Pourtant, après quelques années à peine, nos rêves de prix Nobel sont rapidement remplacés par une envie folle que notre enfant ne se montre à d'autres en costume d'Adam que le jour de son mariage. Nous voilà soudainement à prôner les vertus d'un vrai mariage blanc.

Et lorsque bébé nous appelle maman pour la première fois, notre coeur se gonfle d'amour, nous sommes prise d'un vertige de bonheur. Enfin, notre petit ange prononce ce mot tant attendu, synonyme d'amour inconditionnel, de respect mutuel, d'un lien que rien ne détruira jamais. Jusqu'au jour où le fameux maman est accompagné des "NON, c'est à moi, touche PAS", "SORS DE MA CHAMBREEEE", "J'ai faim, j'ai faim, j'ai faim", "Je veux de l'eau TOUT DE SUITE", "Je suis privée de sortie? T'es vraiment poche", et ainsi de suite.

C'est ça, l'aventure de la vie. Tout est relatif.

4 commentaires:

  1. Ahah, très drôle. J'adoooore comment tu écris ;)

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  2. T'es drôle Alice! T'es en train de prendre la place de l'amoureux en devenant ma nouvelle fan numéro 1.

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  3. ... je pense à ça, pour le mariage blanc, va falloir s'arranger. éli ne sera pas baptisé. option petite église charmante = pas possible!...
    MERDE! ;-)

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  4. Djanice, c'est pas grave. Bébé fille n'est pas baptisée non plus. On fera ça en plein air, avec un chapiteau et des clowns. Ça te va?

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