01 février 2011

Le procès parental (fin)

Pour la première partie, c'est ici. La suite, c'est là.
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Silence dans la salle. Les jurés entrent en file indienne. Le coeur de l'accusée bat si vite qu'elle craint de faire une attaque. Trois longs jours de délibération pendant lesquels l'accusée est maintes fois retournée sur les lieux du crime, espérant que l'on clame son innocence. Trois nuits interminables où l'insomnie était à son comble au grand malheur de l'amoureux qui en avait marre de dormir près d'une girouette. Soixante-douze heures qui lui parurent encore plus longues que la trentaine passées à contracter pour l'arrivée de Bébé fille. Les mains moites, l'accusée lève le regard vers cette petite masse de gens qui tient le reste de sa vie entre leurs mains.

Le juge demande le verdict. Une femme se lève, sans doute celle à qui incombe la responsabilité de présenter la décision. Toute la salle retient son souffle. L'accusée a si mal au coeur qu'elle se demande si elle ne serait pas enceinte à nouveau, en plein premier trimestre.

Les mots qui sortent de la bouche de cette femme la frappent de plein fouet:

- Pour l'accusation de mensonge au premier degré, nous déclarons Maman Bizz : non coupable. Pour l'accusation de leurre de bébé affamé, nous déclarons Maman Bizz : non coupable.

Les applaudissements fusent de partout. L'accusée n'en croit pas ses oreilles: libre, elle est libre! Une vague de soulagement l'envahit, un sourire se dessine sur son visage.

Le juge s'éclaircit la gorge:

- Maman Bizz, vous avez été déclarée non coupable aux deux chefs d'accusation pesant sur vous. Nul doute qu'il s'agissait de légitime défense, puisque vous avez agi pour le bien de votre enfant et le vôtre. Cependant, j'aimerais apporter une nuance importante au jugement du jury. Le mensonge parental est pratique courante de nos jours et même socialement accepté. Il suffit de penser aux mythes du Père Noël ou de la fée des dents, aux excuses de pile faible dans les jouets trop bruyants ou de disparition mystérieuse des peluches brisées, laides et sales. Ce sont des exemples parmi tant d'autres. Il est de notre devoir, en tant que parent, de savoir les utiliser à bon escient, sans exagération. Et surtout, lorsque le mensonge devient une habitude, il est primordial d'en cesser la pratique. Maman Bizz, vous comprenez ce que je veux dire?

- Oui, votre honneur. J'essaierai d'utiliser le mensonge parental en cas d'urgence extrême seulement, je le jure.

- Bien. La séance est levée.

Et l'accusée sort de la salle, le coeur léger et un sourire en coin: le juge n'a pas vu qu'elle avait les doigts croisés dans son dos. Gnagnagna.

2 commentaires:

  1. Bravo maman Bizz! Même le juge est ''entourloupé'' alors on imagine bébé fille...
    Une chose cependant me ''titille'': votre espièglerie est-elle transmissible génétiquement???

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  2. Aucun doute: mon espièglerie s'est bel et bien transmie à ma fille...ce qui me fait grandement redouter l'adolescence et les entourloupes que ça inclut!

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