27 février 2011

Les bébés malades et la physique

Dégel et re-gel sont des conditions idéales pour le développement des virus. Ajoutez à cela quelque jours en ligne à la garderie et vous avez une formule gagnante pour obtenir un bébé grippé. Très grippé. Comme vous ne l'avez jamais vu, en fait. À force de vivre en ermite le temps de soigner bébé, vous en venez à la constatation suivante: être avec un bébé malade, c'est un peu comme être dans une brèche spatio-temporelle. Si, si.

Les notions d'espace et de temps deviennent floues, pour ne pas dire inexistantes. Vous vous enfermez dans la maison, le froid polaire extérieur représentant un risque que la grippe de bébé se transforme en pneumonie. Puisque bébé ne distingue plus le jour et la nuit, vous errez en pyjama peu importe l'heure avec du Tempra dans la poche arrière et une pointe d'inquiétude au ventre. Tel un zombie, vous vous déplacez d'une pièce à l'autre pour nettoyer et détruire les virus et bactéries qui pourraient s'y trouver. Les aiguilles de l'horloge vous jouent des tours; soit elles stagnent sur place, soit elles tournent à une vitesse folle.

Cette brèche qui se crée quand bébé choppe un virus, elle agit également comme un trou noir, un corps extrêmement dense qui, selon l'astrophysique, a un champ gravitationnel si intense qu'il empêche toute forme de matière de s'en échapper. Au boulot, des demandes de subvention urgentes attendent vos dernières précisions? Slurp, aspiré par le trou noir. Un souper entre amis est prévu depuis belle lurette? Slurp, dans le trou. Le réfrigérateur espère une tournée à l'épicerie pour le remplir? Slurp. Quinze brassées de lavage déjà triées patientent sur le plancher de la salle de bain? Slurp. Vous souhaitez des nuits de sommeil reposantes pour pallier à votre insomnie récente? Slurp. Tout est aspiré. Sauf bébé et sa morve.

Ainsi, vadrouille et seau en main, pressée d'aller nettoyer les reflux que bébé a expulsé sur le plancher de sa chambre pendant une quinte de toux qui a bien faillir vous faire mourir d'une syncope, vous passez en vitesse devant la fenêtre, jetant un bref coup d'oeil au soleil qui brille de toutes ses forces, vous disant que vous ne sentirez sans doute plus jamais ses chauds rayons sur votre peau. En plein milieu de la nuit, tombant de sommeil, vous bercez bébé qui respire tant bien que mal malgré les litres de solution saline projetés dans ses délicates narines et vous vous dites que ça ne se terminera jamais. On vous dit de ne pas vous en faire, qu'il y a de la lumière au bout du tunnel, mais vous, vous pensez que quelqu'un l'a sûrement éteinte, cette foutue lumière, parce que vous ne la voyez pas du tout.

Puis, un matin, bébé s'éveille sans croûte sous le nez. C'est bon signe. Il réussit même à manger sa rôtie sans s'étouffer avec une quinte de toux. Excellent début. Vous risquez un pied dehors, bébé emmitouflé comme si vous partiez au Pôle Nord et au retour dans la maison, le soleil a rosi les joues de bébé qui a retrouvé sa bonne humeur.

Enfin, vous recommencez à respirer calmement. Jusqu'à ce que la morve commence à vous pendre au bout du nez. Merde.

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