09 août 2010

Solidarité maternelle

Je prends quelques minutes entre deux planchers à sabler pour vous transmettre un témoignage rempli d'une sincérité désespérée.
Ça s'est passé hier, au lancement des deux nouvelles expositions diffusées par le centre d'art que je dirige.
 Dans la salle au deuxième étage, on pouvait voir deux jeunes femmes en grande conversation. La première avait de longs cernes bleus sous les yeux et une coupe de vin blanc à la main. Vous auriez dû voir le sourire satisfait qu'elle affichait à chaque gorgée prise! La deuxième femme était tout aussi cernée, mais plus futée que la première, elle les avait camouflés sous un cache-cerne assez efficace. À la main, elle avait une coupe vide qui, quelques instants plus tôt, contenait une sangria fait maison. À voir son sourire, elle en avait bien besoin.
Après avoir échangé quelques phrases sur l'art et les deux expositions de l'établissement (elles étaient tout de même à un vernissage!), elles sont vite passées à un sujet intarissable: leurs enfants. Accouchement, dent, dodo, retour au travail, tout y est passé dans un déluge de révélations-chocs du genre:

- Jouer aux petites autos, j'ai le droit de trouver ça plate, tu penses?
- C'est parce que j'ai autre chose à faire que monter et descendre les escaliers pendant 20 minutes de temps.
- La phrase que je suis le plus tannée de dire c'est: "non, on fait dodo, t'es fatiguée".
- Le pire, c'est que malgré tout, je les aime tellement mes ti-loups!

Parmi toutes ces révélations, une en particulier a retenu mon attention. La première maman expliquait à la deuxième que parmi les milliers de rénovation à effectuer dans sa nouvelle maison, elle comptait entre autre refaire le sous-sol pour ajouter des chambres à coucher. Surprise, la deuxième maman lui demande combien de chambre la maison compte actuellement.

- Maman 1: Trois chambres.
- Maman 2: Et tu veux ajouter des chambres pour la visite?
- Maman 1: Non. Pour les prochains enfants.
- Maman 2: Attends un peu. T'es en train de me dire que tu comptes avoir plus de deux enfants?
- Maman 1: Ben oui. J'ai l'air de me plaindre comme ça, mais la venue de Bébé fille, c'est le plus bel événement qui me soit arrivé, j'ai bien l'intention de récidiver au moins deux autres fois.
- Maman 2 (qui a deux enfants): Attends de voir avec deux enfants. Je te jure que passer de un à deux enfants, c'est le jour et la nuit.
- Maman 1: Allons, allons. Le plus gros changement, c'est de passer de zéro à un enfant. Après, le chemin est fait, autant dans le corps que dans la vie quotidienne.
- Maman 2: Tu penses? Crois-moi sur parole, le plus gros changement, c'est passer à deux enfants.
- Maman 1 (toujours fermement convaincue de son opinion): Voyons, voyons, y'a plein de gens qui ont trois enfants et plus.
- Maman 2: Tous des cinglés!
- Maman 1 (soudain inquiète): Je sais pas, j'aurais cru que.....avec le premier, on s'habitue à faire passer nos besoins après ceux de bébé, alors le changement est moins important quand l'autre se pointe.
- Maman 2: Dis-moi, tu trouves que tu n'as plus de temps pour toi présentement, pas vrai?
- Maman 1: Effectivement, 24 heures dans une journée, c'est vraiment pas assez.
- Maman 2: C'est ce que je me disais au premier. Et avec la venue du deuxième, je me suis rendue compte que finalement, du temps, il m'en restait encore un peu quand j'avais juste mon plus vieux. Parce que là, tu vois, du temps, je n'en ai vraiment plus. Avec le premier, ça m'arrivait d'avoir le temps de parler avec mon amoureux comme à la douce époque où nous étions seuls au monde. Avec le deuxième, nos conversations se résument à "allô chérie, passe-moi le biberon, on n'a plus de couches, zut le plus vieux a la gastro, c'est ton tour de te lever, à demain."

(Long silence)

- Maman 1: Je pense à ça, faut que je la décore cette maison-là. Disons que je m'achète dix toiles des artistes qui exposent, tu sais, les plus gros formats à genre mille dollars et plus, j'aurai plus assez de sous pour refaire mon sous-sol.

3 commentaires:

  1. mon papa il dit que :
    1, c'est de quoi, mais ça se gère.
    2, c'est le dawa, la cata, LE gros changement qui bouscule tout.
    à partir de 3, tout se fait tout seul.

    courage! :)

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  2. Super Ève ! j'adooooreeee (dit-elle avec un sourire de bord en bord :) Tu vois, rendu à 3 il semble que tout se fait tout seul....Je veux bien le croire, mais comme mon expérience s'arrêtera à 2 gars...tu me diras. En attendant très chère arracheuse de murs, nouvelle reine du marteau, prends soin de toi. XXX :)

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  3. Ah non, je suis démasquée....
    Je te tiens au courant quand je serai rendue au troisième. À moins que d'ici là, je me sois moi-même enfermée dans un des murs que je rebâtis!

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