La vérité n'est pas toujours drôle

Des événements importants se sont passés ces derniers jours (ce qui explique mon absence prolongée). Bien sûr, vous attendez avec impatience que je vous raconte le tout sans oublier les détails croustillants.

Je vais vous décevoir énormément.

J'aurais pu vous raconter la première journée de Bébé fille à la garderie en décrivant la terrible crise de larmes lorsqu'elle s'est aperçue que je la laissais à des inconnus, effrayée par les autres enfants présents, ma propre crise de larmes en route vers le bureau, le téléphone de la gardienne complètement paniquée qui exige que je revienne immédiatement chercher mon petit monstre et mon arrivée en trombe à la-dite garderie où m'attendait une Bébé fille démoniaque qui avait ligoté sa gardienne et les autres enfants, du papier collant pour garder leurs yeux ouverts, les obligeant à regarder une émission de "La victoire de l'amour". J'aurais pu vous raconter tout ça, si seulement c'était arrivé pour vrai. Parce qu'en fait, Bébé fille adore la garderie. Pas de crise de larmes à mon départ, Bébé fille était heureuse comme tout de jouer avec des amis et de découvrir un nouvel endroit. Pas de téléphone de la gardienne paniquée, elle était charmée par Bébé fille qu'elle aime déjà. La seule chose qui soit réellement arrivée, c'est ma crise de larmes en allant au bureau. Et une deuxième le soir quand l'amoureux m'a demandé comment avait été l'adaptation à la garderie. Et une troisième quand j'ai téléphoné à la gardienne pour faire l'horaire de garde de la semaine suivante. Et il me semble qu'il y a en eu une quatrième, c'est un peu flou, je dormais en même temps.

J'aurais pu vous raconter notre escapade mère-fille à Québec en décrivant les pleurs incessants pendant les deux heures que dure le trajet pour y aller, le refus catégorique de faire sa sieste de l'avant-midi ayant pour résultat un bébé qui pleure en apercevant chaque passant sur la rue St-Jean, l'heure du dîner au restaurant qui fût parsemée de purées lancées un peu partout sur les clients près de nous, m'attirant ainsi des regards furieux et même l'expulsion honteuse de l'établissement, le refus catégorique de faire sa sieste de l'après-midi, l'énorme caca qui a débordé partout dans la poussette alors que nous étions au parc, assistant à un spectacle de marionnettes extérieur, à vingt minutes de marche de la voiture (et des couches propres), les nombreuses tentatives de conversation avec des ami(e)s que je n'ai pas vu depuis un an qui furent interrompues par les pleurs d'un bébé complètement épuisé, l'arrivée à l'appartement de Soeur 1 à l'heure du souper pour m'apercevoir que je n'ai pas les clés de son appartement et qu'en plus, j'ai laissé mes propres clés dans la voiture, toutes les portes étant verrouillées, mes pleurs mêlés à ceux de Bébé fille, la police qui s'arrête près de nous et me demande quel est le problème, l'appel à un serrurier qui profite de ma détresse pour me charger une facture extrêmement salée pour le déverrouillage de mes portes de voiture et le retour à la maison avec Bébé fille hurlant sa vie tout le long du trajet de retour. Encore une fois, j'aurais pu vous raconter tout ça, si seulement c'était arrivé pour vrai. Parce qu'en fait, Bébé fille adore la Capitale. Pas de pleurs durant le trajet en voiture, elle en a profité pour faire sa sieste de l'avant-midi, se réveillant une fois rendues sur le boulevard René-Lévesque, exprimant tout son enthousiasme de voir des gratte-ciels, des blocs appartement, des autobus de ville, des dizaines de voitures et de passants. Pas de purées sur les vêtements des clients au restaurant, elle a tout mangé sans rechigner, faisant des sourires à la serveuse et au couple assis à la table à côté de nous. Pas de caca dans la poussette pendant le spectacle de marionnettes, elle a dormi tout l'après-midi, me permettant ainsi d'avoir de vraies conversation avec un début, un milieu et une fin. Pas de serrurier ou de police pour me sauver de ma détresse, mais plutôt un souper agréable avec une amie très chère, sushis à volonté, Bébé fille s'amusant tranquillement dans le salon, le DVD de Bébé Einstein à la télévision (on n'est jamais trop prudente). Et un retour à la maison tout en douceur, Bébé fille bien endormie dans son siège, ne se réveillant même pas quand je l'ai mise dans sa couchette.
Je vous avais bien dit que vous seriez déçu.