31 octobre 2012

Quand ton enfant se change en monstre

Tu lis ce titre et tu te dis «cool, un billet sur Halloween.» Tu te trompes. Je ne vais pas te parler d'Halloween. J'ai envie d'aborder avec toi un concept que tu as déjà entendu, mais que t'as peut-être pas expérimenté encore. Je vais t'en parler pour vrai, pour que tu saches la réalité que les autres ne t'ont sans doute pas révélée, par crainte de t'effrayer. Avec raison.

Je vais te parler du terrible two. Ce que certaines appellent le T2. Ce que j'appelle la catastrophe nucléaire.

Toi, ton bébé a peut-être 6, 12 ou 18 mois. Tu as entendu parler de ce fameux T2, des crises, de la protestation, de l'affirmation. Ça te semble être une période difficile, mais ne le sont-elles pas toutes, à leur façon, te dis-tu. Pourtant, si tu savais. Mais tu ne sais pas, parce que personne n'ose dire le fond de sa pensée, réellement.

Quand ton bébé commencera, peut-être vers 18 mois, de légères crises de protestation, tu lanceras à la blague que le T2 commence déjà. Peut-être même que t'arriveras à rire de ces crises, qui sait. Pourtant, si tu savais ce qui s'en vient ensuite. Profite, c'est moi qui te le dis.

Parce que quand tu seras vraiment en plein T2, t'auras pas le goût de rire. Au contraire, ça t'arrivera peut-être de pleurer, le soir, dans ta chambre, en te demandant comment ça se fait que toi, mère idiote, t'es pas capable de gérer ça, des crises de T2, alors que les autres avant ou en même temps que toi semblent s'en être bien sorties. Ça t'arrivera peut-être même de crier parce que là, tu seras juste plus capable. Ça se pourrait même que te prenne l'envie de frapper ou de brasser un peu, juste pour saisir; avant que le geste accompagne la pensée, faudra mettre la chose en crise dans sa chambre et demander qu'on prenne le relais.

Ça, personne ne te le dira, parce que c'est atroce de penser brasser son enfant. Quand tu deviens mère, t'es supposée avoir une réserve infinie de patience. C'est pas le cas, oublie-le jamais. Tout le monde a ses limites. Surtout, tout le monde a le DROIT d'avoir ses limites.

Toi, tes limites ne seront pas les mêmes que celles de la voisine, de la belle-mère ou de la copine. Ça non plus, ne l'oublie pas.

T'endureras sûrement les premières crises, un peu déstabilisée. Là, je ne parle pas des petites crises de bacon qui dure 3 secondes et quart. Nah. Je parle des crises interminables qui s'accompagnent de hurlements, de jouets lancés, de coups de pied, de pleurs, alouette. Tu placeras la chose responsable de cette crise en réflexion, dans sa chambre ou dans un coin, où se poursuivra la tempête. Au début, les crises auront lieu à la maison et seront sans doute déclenchées par ce qui apparait un peu légitime (interrompre un jeu pour aller faire la sieste ou prendre un bain).

Peu à peu, les crises se feront n'importe où, pour n'importe quoi. T'en viendras à détester les sorties. Toi qui avais l'habitude de traîner ton enfant partout, tu redouteras le dépanneur, l'épicerie, le parc, le restaurant, la garderie, la maison des copines ou des grands-parents, le garage et même la cour arrière de la maison. T'argumenteras, tu répéteras les consignes, tu tenteras de distraire, tu menaceras. D'ailleurs, il t'arrivera parfois de trouver la menace idéale qui apportera un peu d'obéissance dans la maison, mais la menace fera son temps, comme tout le reste.

Bien sûr, y'aura des bonnes journées. Ces jours-là, tu retrouveras ton enfant comme il a toujours été: affectueux, souriant, respectueux. Ces périodes d'accalmie te redonneront espoir en un jour meilleur. Tu prendras chacune de ces bonnes périodes comme un cadeau béni des dieux.

Puis, la métamorphose se répétera et tu te retrouveras à nouveau avec un monstre hurleur à la place de ton enfant. T'auras peut-être le goût de pleurer, encore. Tu géreras les crises du mieux que tu peux. Tu garderas la tête haute en traversant le centre commercial avec un enfant hurleur dans les bras. Tu prendras de grandes respirations quand la bête refusera à grands coups de pied de quitter la garderie. Tu t'enfermeras dans la salle de bain quand le mini se roulera au sol en pleurant parce qu'il ne voulait pas de céréales pour le déjeuner.

Console-toi: à cet âge, ça fait ses nuits. C'est au moins ça de gagner.

5 commentaires:

  1. marions-nous.
    (et laissons nos T2 à nos chers amoureux.)

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  2. Oh que tu me rappeles de mauvais souvenirs. Le T2 de ma fille avait commencé très tôt... 18 mois. Des crises épouvantables. N'importe où, n'importe quand. C'est à ce moment là que j'ai compris que quelqu'un pouvait finir par "brasser" son bébé. Je ne l'ai jamais fait... mais, j'ai eu beaucoup d'images en tête. J'ai culpabilisé longtemps pour ça! Courage! Tout finit par passer et ils redeviennent nos joyeux et gentils enfants! Et, ça recommence à 4 ans. :(

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  3. Mon fils va avoir 20 mois quand je vais accoucher de mon 2ème, en mars. Je commence à croire que mon ex-conjoint (père du déjà né et de celui à naître) a été mis au courant de cette histoire de T2 et que c'est pour ça qu'il a pris la fuite. (Au point où j'en suis, vaut mieux en rire.)

    Alors, le fun commence bientôt!!!

    Audrey

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  4. De quoi tu parles? ahhh ... pas ici ... (mère en déni total!)

    De la patience, j'en ai à revendre! (avec les enfants des autres)

    Mon fils de presque trois ans ne dit pas un mot. ( il ne répond pas à mes demandes ni à mes questions)

    On se soutient... et on regarde bébé en se disant qu'il est si facile... pour le moment!

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