Devenir parent est une excellente opportunité de travail sur soi. Certains parents vous diront que c'est dans un souci constant d'amélioration pour offrir un modèle quasi-parfait à leur progéniture. Ces parents-là sont des menteurs, ne les croyez pas (ce sont les mêmes qui disent ne JAMAIS être nostalgique de leur liberté before the baby). La vérité, c'est qu'on n'a pas le choix de travailler sur soi, qu'on le veuille ou non. C'est un genre de forfait-tout inclus-pas de luxe qui vient avec le poupon qu'on nous dépose dans les bras à sa sortie utérine.
En vous reproduisant, vous devenez d'abord plus tolérant. Vous apprenez ainsi à faire fi des milliers de conseils que l'on vous donne sans que vous l'ayiez demandé, conseils provenant de gens soi-disant qualifiés (entre vous et moi, on appelle ça des personnes qui ne se mêlent pas de leurs affaires). Quand ces conseils proviennent de la famille ou d'amis proches, la tolérance n'est pas trop difficile. Là où le travail sur soi commence, c'est lorsque que ces bonnes paroles sortent de la bouche de parfaits (ou presque) inconnus tels que commis à l'épicerie, piéton croisé dans la rue, serveuse au restaurant, chauffeur de taxi, vous voyez le topo.
L'abdication prend également de plus en plus de place dans votre vie. De nature têtue, ne lâchant pas le morceau sauf en cas de désespoir extrême, vous apprenez rapidement à laisser tomber des combats que vous ne gagnerez pas, de toute façon. Ainsi, vous abandonnez l'idée d'imposer une sieste à votre bébé qui, une fois seul dans sa chambre avec un climat propice au repos, se lève et vous réclame à tue-tête. L'idée d'affronter Goliath et ses mitaines vous donne des boutons, c'est pourquoi bébé se promène souvent mains nues à l'extérieur (ce qui vous vaut des gros yeux de la voisine. Voyez le bon côté, ça vous permet en même temps de développer votre tolérance face au jugement des autres).
Votre orgueil en prend un coup, ce qui a comme avantage que le regard des autres n'a plus tellement d'importance pour vous. Jadis, douce époque où vous pouviez dormir 16 heures d'affilée si l'envie vous prenait puisque bébé se trouvait à moitié dans les testicules de papa, à moitié dans le futur ovule de maman, se préparer en vue d'aller acheter une pinte de lait pouvait durer une heure: maquillage impeccable, fer à friser pour des boucles soyeuses et souples, analyse en profondeur du contenu de la garde-robe, on est jamais trop prudent quand on ne sait pas qui on croisera au-dit dépanneur. Une fois bébé présent dans votre vie (même à la salle de bain), se préparer pour sortir, même pour aller travailler, se fait en moins de cinq minutes: vêtements tout droit sortis de la sécheuse (vestiges d'une brassée que vous n'avez pas eu le temps de plier), un peu de mascara (si vous êtes chanceuse et que bébé ne l'a pas jeté dans la toilette), coiffure improvisée pour masquer le beurre d'arachides qui se trouve dans vos cheveux.
Enfin, la patience, ce concept qui était abstrait pour vous avant la venue des couches et des régurgitations dans votre quotidien. La patience s'aiguise, se peaufine et se développe au même rythme que bébé. Vous avez une journée chargée et des tonnes de course à faire en peu de temps? C'est évidemment ce jour-là que bébé choisit pour faire une sieste qui dure mille ans et vous voilà à attendre que chérubin se réveille pour débuter vos courses. Et vous prenez une grande respiration pour rester calme. Pourquoi ne pas tout simplement le réveiller? Parce que c'est si rare qu'il dorme, ne gâchons pas tout, voilà pourquoi. Le lendemain, vous attendez avec fébrilité le moment de la sieste pour pouvoir terminer la rédaction d'un communiqué important et c'est évidemment ce jour-là que bébé refuse catégoriquement de dormir, même si sa mauvaise humeur trahit son état de fatigue. Vous prenez une très très très grande respiration et vous essayez tant bien que mal de rester calme. Après 1 heure de combat, c'est le silence, vous croyez avoir gagner. Puis, des gazouillis provenant de la chambre attirent votre attention, vous montez doucement et découvrez bébé, le sourire au visage, qui a enlevé ses pantalons, sa couche et d'après le niveau d'humidité anormalement élevé du matelas, semble s'y être vidé la vessie. Une autre grande respiration, plus grande que ça, allez, faut se calmer. L'abdication vient maintenant prendre le relais de la patience, pas de sieste aujourd'hui, tant pis. Le soir venu, la préparation du souper fait appel à la patience, une fois de plus, de toute urgence. Bébé, qui n'a pas dormi de la journée et tombe de fatigue, s'accroche à vos jambes désespérément en hurlant son envie de se faire prendre dans vos bras déjà chargés par les chaudrons et assiettes. Vous résistez à la tentation folle de mettre bébé dans un chaudron et prenez une si grande respiration pour rester calme que vous frôlez l'hyperventilation. Ça, c'est sans compter le nombre de fois où vous répétez des consignes (nombre qui frôle les six chiffres pour certaines consignes simples telles que "Non" ou "Ne touche pas").
Quand on dit que la patience est mère de toutes les vertus, vous croyez qu'en devenant parent (et donc patient), on devient vertueux?
J'adore toujours autant tes billets! hihihi! :)
RépondreSupprimermoi je suis vertueuse quand mes enfants sont là, dans la mesure du possible, mais pour ré-équilibrer le tout (et surtout mon équilibre mental), quand il ne sont pas là, je me reprends en étant le moins vertueuse possible ;)
RépondreSupprimerOu la la! Beau billet! Bien écrit! Ça sent le livre...
RépondreSupprimer@Karine
RépondreSupprimerMerci! (ce qu'il y a de bien, c'est que j'adore toujours autant les écrire!)
@Maman toute croche
Me semblait aussi qu'il devait y avoir un tour de passe-passe quelque part.
@Alice
T'es quasiment trop subtile :)