23 août 2011

Et une autre péripétie à la Bizz

Chez Bizz, tout est possible. Vraiment tout. Et souvent, ça arrive quand on s'y attend le moins. C'est comme ça. L'amoureux et moi, on est des champions de la malchance. Lui, c'est sa carte de guichet qui s'acharne à lui pourrir la vie. Quand il ne la perd pas pour la 150e fois du mois, c'est le guichet automatique qui la lui avale goulûment avant d'inscrire «Guichet hors de service pour le moment» ou la puce magnétique reste coincée dans la machine du dépanneur du coin. Moi, c'est bien sûr les voitures et leur propension malsaine à me faire suer (ce qui n'est déjà pas bien difficile vu mon état de femme en pleine procréation). Et quand on est ensemble tous les deux, ça prend des proportions inouïes. C'est ainsi.

C'est ce qui est arrivé hier soir, ou plutôt cette nuit (évidemment, ça peut pas arriver à 19h, non, faut que ça arrive à 2h du matin).

Bref.

En revenant du travail hier, j'avais une folle envie de dormir avec Bébé fille. Je dis folle envie parce que dormir avec la championne de la gigotte nocturne, c'est pas toujours une partie de plaisir. Surtout que la chenille hyperactive, elle adore se coller sur maman en dormant. Résultat: j'ai chaud et je sue pendant que ma puce dort à poings fermés le nez sous mon bras (la pauvre). Bébé fille s'était réveillée quelque fois la nuit précédente (pour faire changement) et après une journée à courir avec ses amis à la garderie et à s'obstiner avec l'éducatrice pour ne pas mettre de couche, elle était passablement fatiguée la petite. Elle a donc réclamé son bain et son lit (et son doudou et sa suce et son lait, alouette) à 19h. J'ai donc abandonné l'idée de dormir avec elle parce que bon, franchement, me coucher à 19h, c'est le réveil assuré à 2h du matin et l'insomnie totale jusqu'au petit matin.

J'aurais dû me coucher à 19h.

Donc, 21h, je monte me coucher auprès d'un amoureux qui prie très fort pour que notre nuit se passe dans le silence le plus total (et le sommeil le plus complet). Oui, chaque soir, il prie ainsi, mon amoureux. Je l'ai même déjà entendu dire qu'il allumerait un lampion le dimanche suivant si Bébé fille ne se réveillait pas de la nuit. C'était bien essayé, mais le petit Jésus n'est pas dupe et en plus, c'était dans un épisode de gastro intense additionnée d'une éclosion de fourmis volantes DANS la chambre de Bébé fille. T'sais, quand la vie s'acharne.

Je disais donc, prière du soir. Interrompue par Bébé fille qui se met à hurler dans son lit. Diagnostic de la mère: cauchemar, suivi de la recherche intensive de la foutue suce qui se cache tout le temps sous les couvertures. Comme l'amoureux est au bord de la crise de larmes (faut dire qu'il ne dort pas beaucoup ces temps-ci pour cause de baleine échouée (moi) qui partage le lit avec lui), je me glisse furtivement dans la chambre d'invités/futur chambre de Bébé fiston pour qu'il dorme en paix (et que je prenne le lit à moi toute seule, ouiiiiiiiiiii). Je m'endors paisiblement. Enfin aussi paisiblement que possible malgré une soif intense dûe à mon boycott des verres d'eau de soirée (une fille s'écoeure de pisser aux heures la nuit, quand même).

Puis, quelques heures plus tard, j'entends la porte qui s'ouvre doucement. Des pas s'approchent du lit. La grossesse aidant, j'étais en plein milieu d'un rêve grivois où le personnage principal n'était nul autre que l'amoureux. Encore endormie, je me dis «ben dis donc, dis-moi pas qu'on va avoir du fun cette nuit». Je déchante assez vite. L'amoureux chuchote:

- Bizz, Bizz. Réveille-toi, y'a plus d'électricité.
(Est-ce qu'il est vraiment venu me réveiller pour ÇA? Hey, coco, moi non plus, je ne dors pas beaucoup ces temps-ci, alors aie peur du noir seul dans notre chambre, compris?)

- Mmmmmm. Ouin, pis?

- Ben, c'est bizarre non?

J'ouvre les yeux et constate qu'il fait un noir total, mais alors là, total dans la chambre. Ce qui signifie que même les lampadaires dans la rue sont éteints. C'est bon signe, au moins, on n'est pas les seuls à être plongés à l'époque de nos arrière-grands-parents et donc, on n'est pas en train de subir une invasion de domicile (l'imagination la nuit, ça ne s'arrête pas).

- C'est quoi le système d'alarme qu'on entend?

Comme mes oreilles sont encore pleines de sommeil et d'oreillers, je redresse ma tête pour entendre. Effectivement, une alarme résonne au loin.

- C'est le système d'alarme de l'épicerie. Il déclenche toujours quand il n'y a plus d'électricité.

- T'es sûre?

- Oui, je suis sûre.

- Avoue que c'est bizarre. On dirait les alarmes des villes pour annoncer une évacuation d'urgence avant une catastrophe naturelle.

-...................................

- Bizz?

- Oui, t'as raison. Ça fout la chienne.

Dans la chambre d'à côté, une autre alarme se déclenche: Bébé fille qui hurle au meurtre. Je vais la rassurer, il fait vraiment très noir dans sa chambre. Elle se rendort. L'amoureux retourne se coucher dans notre chambre et me laisse seule avec l'alarme au loin et mon imagination débordante. Merci champion. Je suis incapable de me rendormir (ai-je déjà dit que l'insomnie est le fléau de ma vie?). Bébé fiston prend mon estomac pour oreiller, ce qui entraîne des brûlures qui me donnent envie de m'arracher l'oesophage. J'ai soif, c'est épouvantable, mais je sais que chaque goutte d'eau avalée sera quintuplée en terme d'urine dans les heures suivantes et je VEUX dormir. Bébé fiston se déplace et s'installe confortablement sur ma vessie. Je dois donc me lever et aller au petit coin. De retour dans la chambre, je passe à deux doigts de faire une crise cardiaque en frappant de plein fouet l'amoureux qui me demande si on a un réveille-matin à piles.

- Non.

- Une lampe de poche?

- Non plus.

- Des chandelles?

- Quelque part au sous-sol.

- On fait comment pour se réveiller à l'heure demain matin?

- Programme mon portable. Il me semble qu'y a une fonction réveille-matin.

- Oh! Bonne idée. Et l'écran va me servir de lumière si j'ai besoin de me lever.

Poum, poum, crac, crouc, poum, bing (ça, c'est l'amoureux qui descend les escaliers pour récupérer le portable sur la table). BADANG, câlisse (ça, c'est l'amoureux qui se cogne le petit orteil sur le coin de la table parce que je vous rappelle qu'il n'y a pas d'électricité et qu'il fait noir comme chez le diable). OUINNNN (ça, c'est Bébé fille qui s'éveille à nouveau en totale panique dans le noir). Ben, calvaire, y'a pus de batterie (ça, c'est l'amoureux qui a ouvert le portable laissé sur la table sans qu'on aie pensé à le brancher pour qu'il se recharge durant la nuit). Aaah seigneur, pourquoi je peux PAS dormir, bordel (ça, c'est moi qui vais chercher Bébé fille pour la coucher avec moi pour le reste de la nuit noire).

Morale de cette histoire: la prochaine fois que j'aurai envie de dormir avec Bébé fille, je vais satisfaire mon besoin, je dormirai sans doute plus ainsi.

Remarquez que je n'ai pas indiqué que la morale de cette histoire, c'est d'acheter un réveille-matin à piles, une lampe de poche et des chandelles. Comme quoi, une fille ne se dompte jamais...

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