08 août 2011

Quelques lois de la maternité

Mettre un enfant au monde, c'est accepter de s'inscrire dans le cercle (vicieux) des lois universelles qui régissent la vie de tout parent. Ainsi soit-il. Vous l'apprendrez tôt ou tard (à vos dépens). Et quand, téméraire que vous êtes, vous combinez seconde grossesse et obligations maternelles, vous avez parfois l'impression d'être damnée par le ciel. Rien de moins, je vous l'assure.

Prenons par exemple, la nuit. J'en ai assez parlé, vous savez toutes et tous que le sommeil est une notion fort abstraite après la reproduction. Quand Bébé 1 ne fait pas encore toutes ses nuits (bien qu'il fasse la plupart, quand même, faut lui donner ça, sauf en cas d'insécurité ou de crise d'ennui de maman) et que la deuxième grossesse entre dans sa phase vessie-compressée, la nuit devient une longue suite d'intervalles réguliers entre l'état repos et l'état toilette et/ou soin de bébé. Ainsi, la nuit se déroule en cinq étapes:
Étape 1: Le coucher.
Étape 2: Le premier pipi (suivi d'une auto-remontrance concernant le dernier verre d'eau bu juste avant le coucher).
Étape 3: Cauchemar de Bébé 1 (ce qui sous-entend le lever de maman pour réconforter).
Étape 4: Le deuxième pipi (suivi d'une longue réflexion sur le fait que malgré une envie insoutenable, le résultat n'a été que deux petites gouttes).
Étape 5: Le lever (difficile).
Avant la deuxième grossesse, vous aviez la (maigre) consolation, après une nuit mouvementée, d'une cafetière pleine et odorante n'attendant que votre tasse. Avec Bébé 2 bien au chaud dans ce qui fût jadis un ventre plat, ferme et sexy, une seule tasse vous est permise, que vous savourez longuement, comme si c'était la dernière. Et vous songez à cette époque si lointaine où dormir jusqu'à 10h n'était pas utopique.

Une deuxième loi à laquelle vous ne pourrez échapper une fois votre utérus malmené, c'est la loi de la chute dans les escaliers. Je suppose que débouler les escaliers, ça fait partie du développement normal d'un enfant. C'est comme les dents, sans doute. Toujours est-il qu'il s'agit d'une étape que vous ne pourrez éviter, malgré toute votre vigilence. À moins, bien sûr, que vous n'ayez pas d'escaliers (dans ce cas, ça arrivera à l'école, vous pouvez en être assurée). Généralement, il est préférable que cette étape se déroule le plus tard possible, quitte à ce que Bébé soit maintenant adolescent (c'est moins paniquant). Il y a fort à parier que cela se déroulera entre la première et la quatrième année de vie de Bébé. Il s'agit d'une belle opportunité pour tester la santé de votre coeur, surtout si vous assistez à la scène, live sous vos yeux horrifiés. Ajoutez à cela les hormones à fleur de peau d'une deuxième grossesse et vous obtenez une scène assez cocasse (pas sur le coup, non, sur le coup, la scène est paniquante et vous êtes bien convaincue que vous n'en rirez jamais, pourtant, une fois Bébé examiné et aucune blessure à l'horizon, vous arriverez presque à en rire à gorge déployée), bref, vous obtenez une scène cocasse où Bébé vit un moment intime avec chaque marche de l'escalier avant d'atterir (tête première, évidemment) sur la dernière marche (en ciment, pour en ajouter un peu plus au drame) pendant que vous constatez avec horreur que vous êtes trop loin pour amortir la chute. Et devant les regards interrogateurs des voisins, qui n'ont rien vu de la chute, mais tout de votre crise de panique, vous pleurez en choeur, Bébé et vous.

Finalement, la loi du je sentais bien qu'il arriverait quelque chose de grave est à vos trousses à la minute où vous devenez maman. Ainsi, après une semaine de vacances passée à trimballer Bébé 1 et votre bedaine d'une maison à l'autre pour voir tout votre petit monde avant d'être confinée à la maison suite à la venue de Bébé 2, une semaine entière à éviter les accidents, les chutes et les blessures malgré un bébé fatigué du chambardement de sa routine, une semaine complète à vous lever chaque matin avec ce petit sentiment au coeur qu'il va finir par y avoir un accident (c'est trop beau pour être vrai), après cette semaine paradisiaque, un accident survient.....à la maison. Évidemment. Le classique, en plus: Bébé saute sur le lit de papa et maman, maman le gronde et lui demande de descendre pour ne pas se faire bobo, Bébé en fait à sa tête et remonte sur le lit pendant que maman enfile tant bien que mal une petite culotte avant d'assister, horrifiée, que dis-je, catastrophée à la chute de Bébé, son bébé, la prunelle de ses yeux, sa raison de vivre, tête première sur le coin de l'affreux (et méchant) meuble en bois qui sert de table de chevet. Pour vous brosser un tableau complet, imaginez le sang (sur le visage en pleurs de Bébé et les vêtements de maman), les pleurs (de Bébé et maman), la panique (de maman), la plaie affreuse (de Bébé), la course folle pour amener Bébé à l'hôpital, les cris de douleur de Bébé qui se fait recoudre, le coeur en miettes d'une maman impuissante, les pleurs (de Bébé et maman) et les infirmières qui peinent à maintenir immobile un bébé (mon bébé!!!) furieux et terrorisé. Sans oublier la culpabilité de maman qui aurait dû être plus ferme sur la règle du On ne saute pas sur les lits, qui aurait dû enfiler sa petite culotte en ne lâchant pas Bébé des yeux, qui aurait dû prévoir que quelque chose arriverait puisqu'elle l'a senti toute la semaine.

C'est sans doute ça, la pire loi de la maternité: peu importe comment Bébé se blessera, soyez assurée que, d'une manière ou d'une autre, vous penserez au fin fond de vous que c'est votre faute, que vous auriez pu l'éviter.

C'est faux, pourtant. Un accident, ça reste un accident. Tenez-vous le pour dit.

3 commentaires:

  1. Ça arrive tellement souvent: la maman qui PENSE qu'il va se passer un malheur, et elle a RAISON...(c'est bien LA fois où on voudrait avoir tort!) Est-ce que ça arrive aux papas? Non!

    Au moins, tu es allée à l'hôpital avec une petite culotte! (et d'autres vêtements aussi, j'espère!)

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  2. Ouf! Ma fille a aussi tombé d'un lit récemment (en vacances d'ailleurs!) sur la tête :-( Heureusement rien de cassé, mais nous avons eu la frousse de notre vie!

    Heureusement tout semble ok!

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  3. @Cathoux
    J'ai bien failli me rendre à l'hôpital avec mon peignoir sur le dos (je sortais de la douche), mais j'ai finalement pris 3 micro-secondes pour enfiler des vêtements!

    @La Belle
    La frousse de ma vie, effectivement. J'en fait encore des cauchemars et dès que je vois Bébé fille grimper quelque part (ce qui arrive à peu près aux 5 minutes), mon coeur s'emballe et les images me reviennent au ralenti, comme dans les films!

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